06 Mar

Une chapelle oubliée: Saint Jean à Locmelar en Irvillac

Publié par war-hentchou-irvilhag - Catégories : #Actualités

DSCN2263 Elle est située au lieu dit "manoir de Locmélar". Elle date de 1618 ou 1638.

1) Description de la chapelle

a) Aspect général

En forme de croix, cette chapelle rustique est couverte sur charpente apparente. Le sol est en terre battue.

On peut y pénétrer par trois portes, la principale située à l'ouest et les deux autres au sud. Trois ouvertures, munies de vitraux non peints (vitraux presque entièrement détruits sur une fenêtre) l'éclairent : une au sud et deux à l'est. Elle ne comporte pas de sacristie.

Dans le clocheton élancé se trouve une cloche comportant, outre deux sculptures représentant le Christ, puis la Vierge, le texte suivant : "J'ai été nommée Jeanne Marie par Alain Monfort et Marie Jeanne Le Deun - Pour l'église de Locmélar - Faite par Viel, fondeur à Brest, le 10 août 1824".

b) L'intérieur

Les sablières (poutres) de l'aile nord et du choeur recèlent de nombreux personnages sculptés à l'aspect joyeux. On note deux poutres dont les extrémités sont traitées en gueule d'animal avalant la pièce de bois.

On déchiffre sur l'une des sablières du choeur "IAN GOAR/ IEAN CREN/ Fabriques 1638 (ou 1618)". Une sablière de l'aile nord porte : "Yvon. FILI. 1657"¹³.

Chaque aile possède un autel en pierres (granit, schiste). Le maître autel, sur lequel veillent deux anges adorateurs, est en bois peint. Le dais du tabernacle est fait de quatre grandes volutes portant quatre angelots qui tiennent des guirlandes. Une pierre carrée (30cm sur 2 cm d'épaisseur) est incrustée dans l'autel ; il y est inscrit "IRVILAC" et une relique y est enchâssée.

La chapelle comporte plusieurs statues :

- Sainte Marguerite à genoux sur le dragon, en pierre polychrome (aile nord)

- Saint Mélar portant sa tête dans les mains (niche dépourvue de volets), statue en bois polychrome (aile nord)

- deux saints évêques, non identifiés, en bois polychrome (choeur et aile sud)

- Saint Jean Baptiste, mutilé, en bois polychrome (aile sud)

- la Vierge, en bois polychrome (choeur)

- la statue de Sainte Catherine, en mauvais état, a disparu.

c) L'environnement

Un calvaire est situé dans l'enclos. Il ne comportait déjà plus, au début du siècle, que son socle, datant de 1628. L'association War Hentchou l'a restauré en juin 1997.

Deux groupes de statues géminées, en kersanton, réalisées par Roland Doré, étaient probablement placées sur le calvaire (elles sont à l'abri dans l'attente du remontage définitif du monument).

Une fontaine était située à environ 200 mètres de la chapelle. Elle comportait un abri dans lequel se trouvait une statue en pierre représentant Saint Jean. Cette fontaine a été recouverte lors des travaux d'élargissement de la route à l'époque du remembrement. Le saint qu'elle contenait a été placé sur un pignon de la chapelle Notre-Dame de la Délivrance (ou ossuaire).

2) Quelques éléments d'histoire

Sur une sablière, le fabricien Yvon Fili a laissé sa marque en 1657.

Selon la date portée sur la sablière du choeur, la chapelle date de 1638 (ou 1618).

a) Son nom

Elle était appelée, à la fin du XVIIIe siècle, du nom de Saint Mélar. Saint Mélar préside toujours aux destinées de la chapelle en 1824. En 1863, on parle de la chapelle Saint Jean. Pour des raisons qui sont à découvrir, Saint Jean a supplanté, entre ces deux dates, Saint Mélar.

La statue de Saint Mélar, et celle de Saint Jean, sont toujours présentes dans la chapelle. Par ailleurs, le lieu où se situe le monument est dénommé Manoir de Locmélar. On trouve, à proximité, deux autres lieux attachés à Saint Mélar : Guern Locmélar et Penavern Locmélar.

b) le travail du minerai

On trouve, dans l'enclos et les environs, des scories de fer qui révèlent la présence d'un ancien site d'exploitation minière.

c) 1789-1815

Le fabricien de la chapelle se nommait, en 1790, Yves Glinec. Quelques éléments sur la chapelle durant cette période sont présentés dans le chapitre 6 de la partie consacrée à l'histoire d'Irvillac.

d) XIXe siècle

De gros travaux furent entrepris sur la chapelle par le conseil de fabrique :

- en 1873 : 65 journées de charpente (pour 152 francs), matériaux tels que

planches, pierres, chaux pour 408 francs, trois voyages à Daoulas pour aller chercher du sable...

- en 1877, des vitraux furent placés pour un coût de 152 francs.

Une croix d'autel est acquise en avril 1868 (cette croix a disparu). En 1863, le "rapport" (résultant des offrandes) de la chapelle est de 129 francs (contre 586 francs pour Coatnant), 437 francs en 1865, 88 francs en 1882.

La chapelle desservait les villages situés au nord de la paroisse. Ainsi, les fabriciens sont Jean Crenn de Gars ar Zendi (1869), Jean-François Le Pape de Kerverzon (1881), Hervé Denniel de Guernigou (1882), Jean Saliou de Clécunan (1883), Mr Quillec de Stang Meyet (1884). Par contre, le village proche de Kerdadic était rattaché à Coatnant.

e) Le pardon

Le pardon se tenait le dimanche suivant la Saint Jean. Il donnait lieu à une messe le matin et des vêpres l'après-midi. Après la messe, une procession était organisée et consistait à faire trois fois le tour de la chapelle. Quelques jeux étaient parfois organisés l'après-midi (galoches).

Le dernier pardon eut lieu en 1969 ou 1970, sous l'autorité de Mr Kervella, recteur.

Après ce dernier pardon, la chapelle s'est endormie jusqu'en avril 1997, date à laquelle la commune l'a officiellement réintégrée dans son patrimoine.

EXTRAIT DE "IRVILLAC, UNE HISTOIRE, UN PATRIMOINE" TOME 1 Edition W.H.I.

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